« On n’insistera jamais assez sur le rôle de la lumière artificielle dans les spectacles en salle fermée qui tendent à devenir la règle. L’emploi des chandelles ou des lampes à huile, joint à celui des réflecteurs, des liquides ou verres colorés, est devenu suffisamment souple pour qu’on obtienne des variations, des contrastes de qualité ou d’intensité lumineuse dont les effets se combinent avec ceux des changements à vue, des nuées et des gloires dans les mises en scène spectaculaires. »
Jean Jacquot, Le lieu théâtral à la Renaissance, 1968
C’est en Italie qu’apparaît, au début du 16ème siècle, la scène « à l’italienne » procurant l’illusion d’un lieu réel grâce au décor en perspective et en trompe-l’œil. C’est une construction de bois temporaire qui fait partie de l’ornementation construite dans les palais à l’occasion des grandes festivités. Sa fonction première est de créer une illusion tout en permettant au « spectaculaire » de faire irruption. Pour ce faire, les princes italiens engagent des architectes de renom qui ont toute la latitude voulue pour donner libre cours à leur imagination : le théâtre leur appartient. Puisque, la plupart du temps, ces festivités ont lieu la nuit, ces architectes doivent prévoir l’éclairage qui mettra en valeur leur œuvre.
C’est ainsi qu’entre 1500 et 1650, une importante tradition d’éclairage prendra forme : les formules qui sont alors inventés seront copiés d’un spectacle à l’autre et deviendront bientôt une convention, le modèle italien, dans son adoption progressive par les Européens. Mais cet idéal n’est pas accessible à tous. D’abord parce qu’il est fort dispendieux, mais aussi parce que l’édifice théâtral ne s’y prête pas toujours : on importe les inventions et les instruments, mais on adapte tant bien que mal les principes.